La vision d’entreprise en trois temps : Le socle d’une codirection prospère
Dans la recherche d’une codirection efficace, la vision d’entreprise se révèle être le pivot central. Mais de nombreux obstacles peuvent entraver la quête ! Les divergences de visions et l’absence de communication rendent le terrain glissant. Trop souvent, les erreurs sont commises lorsque les codirigeants négligent l’harmonisation de leurs perspectives.
Pourtant, l’espoir réside dans la capacité à surmonter ces difficultés et à forger un avenir solide. Les solutions émergent de la collaboration, de la communication ouverte et d’une analyse approfondie des trois dimensions temporelles de la vision d’entreprise : le passé, le présent et le futur.
Dans cet article, nous décortiquons la vision d’entreprise à 360° pour vous aider à maintenir le cap dans vos objectifs au sein de votre équipe de codirection.
La vision d’entreprise : De quoi parle-t-on ?
La vision d’entreprise en leadership est associée à l’aptitude de concevoir ou d’anticiper l’avenir.
Dans l’espace organisationnel, elle rêvait d’une dimension plus stratégique. Elle fait référence à la capacité d’un dirigeant de projeter l’évolution de son entreprise sur un horizon de trois, cinq ou dix ans.
Des penseurs comme Fayol ont mis l’accent sur l’importance de la planification et de l’organisation comme piliers d’une gestion d’entreprise efficace. Porter, Mintzberg et Whittington ont façonné notre compréhension actuelle de la vision stratégique.
Dans le contexte de la codirection, l’élaboration d’une vision stratégique du futur est fondamentale. Toutefois, le développement d’une vision de l’entreprise devient complet avec l’intégration de deux autres perspectives. Celles du présent et du passé. Les dirigeants doivent être en mesure de partager une vision commune de ces trois dimensions.
Imaginons la codirection comme étant plusieurs têtes. Elle porte une même casquette : celle du capitaine. Pour avancer de manière coordonnée ou pour orienter les efforts dans une direction identique, les 3 têtes doivent :
- Percevoir un environnement commun.
- Disposer du même niveau de connaissance et d’information sur leur provenance, leur position actuelle et leur destination future.
Un manque d’information partagée peut conduire à des désaccords sur la direction à prendre. De ce fait, les acteurs de la codirection immobilisent le « navire » et son équipage. Le bateau, lui-même, les clients et les partenaires sont en péril.
Cette dynamique (plus courante que nous l’imaginons) peut être évitée. Pour ce faire, les dirigeants peuvent mener une réflexion et construire une vision partagée du passé, du présent et du futur.
Une vision commune des années écoulées
Vision commune du passé :
De quoi parle-t-on ?
Une vision commune du passé transcende les simples faits historiques de l’entreprise. Elle englobe une analyse uniforme des événements, des motivations et des conséquences, tout en favorisant l’échange d’émotions et de perceptions liées aux moments clés.
La création d’un lien solide entre les codirigeants, en particulier lorsqu’ils sont fondateurs, repose sur :
- des discussions approfondies à propos de leurs parcours individuels ;
- des échanges constructifs autour de ce qui les a motivés à lancer l’entreprise.
Ces conversations renforcent la base de leur relation de travail. Elles sont nécessaires pour l’harmonie des valeurs de l’entreprise et la prise d’une direction commune.
Les avantages d’une vision d’entreprise commune du passé
Pour les codirigeants, partager la même vision de l’histoire de leur entreprise est essentiel. Cette compréhension commune des antécédents facilite une direction cohérente et alignée.
Par ailleurs, l’échange de perspectives entre les codirigeants enrichit leur compréhension mutuelle. Elle modifie leur interprétation de la réalité par l’appréciation des points de vue de chacun. Cette démarche diminue les zones d’ombre et les préjugés dans leur réflexion, offrant une vision complète et nuancée de la fondation de l’entreprise.
Grâce à ce partage, ils bénéficient d’une compréhension à 360 degrés, essentielle à la prise de décision éclairée et à la stratégie d’entreprise.
La définition d’une vision commune du passé présente d’autres avantages clés pour les codirigeants et leurs équipes :
- Elle unifie le récit de l’entreprise. Que cette histoire soit partagée par un ou plusieurs dirigeants, elle crée un environnement stable et sécurisant pour les collaborateurs.
- Elle permet de comprendre le parcours de chaque codirigeant. Non seulement elle valide leur expérience, mais elle consolide aussi leurs relations. Elle affirme ainsi leur rôle essentiel au sein de l’équipe de direction.
- Elle encourage les codirigeants à disposer d’une histoire commune pour renforcer leur sentiment d’unité et d’appartenance à la codirection.
→ À lire aussi : Mission et codirection | L’une des clés du succès
Comment développer une vision d’entreprise commune du passé ?
L’importance de développer une vision partagée du passé est donc cruciale pour le succès de la codirection.
Le coaching professionnel est un moyen de travailler sur le déploiement d’une vision d’entreprise commune.
Lors d’une séance spécifique à la codirection, l’examen approfondi de la vision partagée du passé a été déterminant. Ce processus a révélé des souvenirs enfouis marqués par des émotions difficiles. La peur et le sentiment d’abandon avaient été occultés par les codirigeants. La clé a été le partage des perceptions individuelles concernant les origines du projet. Le coaching a mis en lumière des événements, déclencheurs de ces émotions.
Par ailleurs, cet échange entre les codirigeants a permis de dissiper les malentendus et de réaliser que les difficultés vécues étaient partagées (sans qu’aucun ne soit à blâmer). Sans cette démarche de communication ouverte, ces émotions seraient restées liées aux souvenirs enfouis. Ils auraient pu resurgir involontairement dans des situations similaires aux expériences passées.
Leur dialogue a été essentiel pour surmonter les obstacles et renforcer leur unité face aux défis futurs. Cet exemple illustre parfaitement l’importance d’un travail autour de la vision commune du passé et son caractère déterminant pour la pérennité de la codirection.
Une vision commune du moment présent
Vision commune du présent : De quoi parle-t-on ?
Dans la même perspective, il est essentiel que tous les codirigeants possèdent une vision commune du présent. La vision du présent comprend, notamment :
- la compréhension uniforme de la structure organisationnelle et des acteurs clés impliqués ;
- l’uniformité de la vision au sujet de l’organigramme ;
- la cohérence dans la perception des relations avec les collaborateurs, les clients, les fournisseurs et les partenaires;
- l’état des affaires en cours ;
- la connaissance des indicateurs clés de la santé de l’organisation tels que le chiffre d’affaires, la marge, la rentabilité, la trésorerie, le volume de clients, la typologie de clientèle, etc. ;
- le niveau de l’innovation, des systèmes d’informations, des outils de production, de communication et de commercialisation ;
- le processus des achats, les fournisseurs et le délai moyen de paiement de l’entreprise.
À cet effet, ils veilleront à communiquer entre eux toutes les informations dont ils bénéficieront compte tenu de leur périmètre d’intervention dans l’entreprise.
Les avantages d’une vision d’entreprise commune du présent
L’absence d’information essentielle peut entraver le processus décisionnel. De ce fait, des défis peuvent se présenter pour atteindre un consensus. Ils peuvent mener à des tensions dues à la protection des intérêts personnels.
À l’opposé, une vision partagée du présent :
- simplifie la communication ;
- renforce la prise de décision rapide, notamment dans une période de transformation de l’entreprise (crise et développement).
Comment développer une vision commune du présent ?
Une évaluation détaillée de la situation de l’entreprise est nécessaire pour renforcer la cohésion entre les codirigeants. Cette analyse inclut :
- L’analyse de l’organigramme fonctionnel : Une revue initiale de l’organigramme pour identifier précisément les rôles, les influences, les décideurs et les actions au sein de l’organisation. Ce travail met en lumière les dynamiques formelles et informelles.
- L’étude des parties prenantes : Une exploration globale des acteurs clés autour de l’entreprise (clients, fournisseurs, banquiers, avocats, etc.), via une carte mentale, permet d’évaluer les relations par des indicateurs de confiance et de risque.
- L’identification et la priorisation des risques : Inspirée par les méthodes d’Arnaud Tonnelé, cette phase encourage les codirigeants à identifier et à classer les risques selon leur probabilité et leur criticité. Elle facilite un dialogue constructif sur les préoccupations et les assurances.
- L’exploration des causes et des ressources : Après ces ateliers, une discussion sur les causes profondes et les ressources disponibles prépare le terrain pour une compréhension partagée des défis et des opportunités.
- La définition des objectifs et des effets : Envisager les buts à atteindre et les résultats attendus pour éventuellement élaborer une vision stratégique future de l’entreprise.
Cette analyse complète de la situation de l’entreprise oriente la stratégie avec une perspective éclairée.
Une vision commune des objectifs futurs
Vision commune du futur : De quoi parle-t-on ?
Dans l’ouvrage de J.B Carrière sur la vision stratégique en contexte de PME, l’auteur définit la vision du futur comme une stratégie visionnaire. Elle se base sur une projection mentale vers un futur désiré et réalisable.
Les avantages d’une vision d’entreprise commune du futur
Partager cette vision stratégique est essentiel pour orienter l’entreprise vers une direction commune. Elle permet de faire des choix et des actions stratégiques avec un cap partagé par tous les dirigeants.
Une direction floue peut entraîner une baisse de motivation, de productivité et par conséquent, de rentabilité. Elle met en péril la survie de l’entreprise. Tel un vent dissipant le brouillard, clarifier cette vision est vital pour redéfinir le cap.
Comment développer une vision commune du futur ?
Pour concrétiser cette vision du futur, l’utilisation d’un « vision board » se révèle être une méthode efficace.
Lors d’ateliers de coaching, les dirigeants sélectionnent des images et des mots qui incarnent leur vision de l’entreprise à dix ans. Ce travail facilite la définition d’une vision partagée. Ensuite, ils identifient les principaux défis humains et d’affaires à trois ans. Puis, ils déterminent les objectifs à court terme sur six mois, en adéquation avec cette vision.
Ces objectifs sont affinés en tenant compte des risques précédemment identifiés pour assurer une stratégie robuste. La mise en place d’un plan d’action semestriel, régulièrement réévalué, garantit l’agilité de l’entreprise face aux évolutions du marché.
Et après ?
En résumant avec régularité les progrès et en ajustant la stratégie à l’environnement en continuelle évolution, les codirigeants maintiennent l’entreprise agile et prête à naviguer vers le succès. Ils évitent les écueils potentiels tout en restant fidèles à leur vision partagée.
L’élaboration d’une vision d’entreprise partagée et stratégique au sein de l’équipe de codirection est fondamentale pour le succès et la pérennité de l’entreprise.
Chez Resalto, nous soulignons l’importance de la cohésion, de la communication ouverte et de l’agilité dans la gestion stratégique. Nous nous appuyons sur des méthodes reconnues pour définir et pour actualiser continuellement votre cap.
Ces pratiques renforcent non seulement le lien entre les codirigeants, mais elles garantissent également une adaptation fluide aux défis et aux opportunités du marché.
Pour les entreprises aspirant à une croissance durable et à une gestion efficace, adopter une approche similaire devient impératif. Découvrez comment Resalto peut accompagner votre entreprise dans la définition et la réalisation de sa vision stratégique pour une direction forte et un avenir prospère.
Contactez-nous et échangeons sur nos services de coaching de codirection pour entreprendre le voyage vers un leadership partagé et visionnaire.
Julie RAVACHOL – Coach professionnel et ancienne avocate d’affaires
Un article rédigé par :
Julie RAVACHOL | Coach Stratégique et organisationnel
Références
- G.Charreaux, P.Joffre, G.Koenig, (2017), « Les Grands Auteurs en Management – 3ᵉ édition », (Ems Management &Société,Collection GRANDS AUTEURS).
- J.Ledoux, (2005), » Le cerveau des émotions », (Odile Jacob).
- A.Tonnelé, 2ᵉ tirage (2016), « La bible du Team-Building » (Édition Eyrolles).
- J.B Carrière (1991), « Vision stratégique en contexte de PME : cadre théorique et étude empirique, Revue internationale PME, vol 4., n°1, p.34-36.